L’activité de la société reprend au début de 1919 avec le retour des premiers sociétaires démobilisés. L’ambiance est sombre : si les bateaux et le garage ont pu être conservés grâce à des membres non mobilisés, le bilan humain est lourd : plus de 10 sociétaires ont été tués pendant les 4 ans de guerre : BRUTSCHE, COLOMBO, GUILLAT COURIER, L’ECRIVAIN, LHUINTE, THOMAS, MOREL, ROCHE, DAVID Etienne, FINET Georges, DENARIE, GUILLET, BERLIOZ, BERARD
Lors de la Fête nautique du 12 octobre 1919, sont fêtés les 25 ans de la société, qui n’avaient pas pu être célébrés en 1918, du fait de la guerre. Les courses sont nombreuses, mais uniquement entre équipes du club, les autres sociétés étant elles aussi en pleine réorganisation.
Bien entendu, d’autres sociétés ont encore plus souffert. Ainsi, lors de la réunion du conseil du 24 juillet 1919 est ouverte une souscription auprès des membres pour un secours à la société nautique de Sedan dévastée par « les Boches », comme on disait à l’époque.
Un nouveau Président, le Dr BISCH, qui possède une clinique réputée à Grenoble est élu lors de la réunion Générale du 16 octobre 1919. Sous l’impulsion de ce médecin, la société va prendre un nouvel envol.
Dès 1920, la société compte plus de 50 membres et, grâce à une souscription qui a permis de lever la somme de 5000 Francs, l’Aviron Grenoblois peut enfin faire l’acquisition de son garage que ses propriétaires, les BIRON, ont finalement accepté de lui vendre après de longues tractations, commencées dix ans plus tôt.
Le siège de la société est transféré au Café Vincent 6 Grande Rue à Grenoble, pour pouvoir accueillir les sociétaires désormais plus nombreux.
La réunion de bureau du 29 avril 1920 définit pour les jeunes rameurs le terme de « bassin » : partie de l’Isère comprise entre l’aval du Pont de l’Île Verte et l’amont de la Porte de l’Île Verte (cette porte des fortifications a disparu depuis, mais elle se trouvait un peu en amont du Pont de la Citadelle). Cette appellation, comme on le sait, était destinée à traverser les époques puisqu’elle est toujours utilisée aujourd’hui.
Dans les années 1920, commencent à être régulièrement organisées des régates sur le lac de Laffrey, qui deviendront une institution du club jusque dans les années 1980.
En 1924, le garage de la société, devenu trop étriqué, et qui menaçait ruine, est démoli puis reconstruit grâce à l’effort de tous les membres, qui délaisseront l’entraînement pendant 2 mois pour se consacrer à ces travaux, ne laissant que les tâches nécessitant des qualifications particulières à des professionnels.
Cette même année, un jeune homme, Georges TARDY, né en 1908, fait ses débuts de rameurs à Grenoble. Il sera un membre très marquant et très fidèle de l’Aviron Grenoblois. Compétiteur brillant, il deviendra plus tard entraîneur, secrétaire puis président d’honneur de l’Aviron Grenoblois. Journaliste au Petit Dauphinois, puis au Dauphiné Libéré qui lui succède à la libération, c’est en grande partie grâce à lui que le club possède une riche documentation photographique. Il rédigera un premier historique du club pour les cent ans de la société, en 1993.
En 1927, le Dr BISCH doit démissionner de la présidence pour raisons de santé. Paul FELTRIN, entrepreneur dynamique, déjà fortement impliqué dans la vie du club, prend sa succession. Le Dr BISCH ne disparaît pas pour autant du paysage de l’Aviron, puisqu’il sera pendant longtemps président d’honneur de la société.
Le nouveau Président organise avec succès une tombola géante dotée de plusieurs automobiles Citroën comme prix, pour financer la société. Le succès est au rendez-vous.
Sont fabriquées sur mesure pour le club par le fabricant DASSENET, à Saint Maur Les Fossés, deux yoles de mer à quatre rameurs et une yole de mer à deux rameurs ainsi que, grande nouveauté, deux outriggers à quatre rameurs et un outrigger à deux rameurs.
L’Aviron Grenoblois continue à organiser les régates du 14 juillet entre le pont de la Citadelle et le pont Marius Gontard, avec l’aide de la subvention municipale. La tribune officielle est dressée à ces occasions au niveau de l’actuelle gare du téléphérique. Les Dauphins de Grenoble (société de natation) et les Sauveteurs de l’Isère participent à la manifestation ainsi que des équipes de clubs d’aviron voisins, comme Aix-Les- Bains.
Le nombre de sociétaires s’accroissant, ainsi que le parc de bateaux, l’Aviron Grenoblois conquiert ses premiers succès sportifs marquants : en 1927 l’équipage POUX-TARDY, barré par OMESSI, sur la yole « Billot » arrivent second au championnats de France en mer à Saint Jean de Luz. Il est à remarquer que le vénérable « Billot » aura une carrière particulièrement longue car il était toujours utilisé comme bateau d’initiation dans les années 1980 (quand tous les autres étaient déjà sortis, toutefois). Il garantissait à ses infortunés équipages débutants de ne dépasser le ponton qu’au prix d’efforts titanesques, tellement l’embarcation était lourde et désormais peu étanche. Par contre, la stabilité était, il est vrai, bel et bien au rendez-vous.
En 1928, le même équipage reprend la seconde place dans la même épreuve à Juan-Les-Pins.
A cette époque, un ancien rameur international, champion d’Europe sous les couleurs de Boulogne sur Mer, M. RICHER , arrive pour des raisons professionnelles à Grenoble et commence à entraîner les équipes de l’Aviron Grenoblois, notamment Les frères Marcel et Edouard BUTTARD, et le tandem POMAGALSKI –TARDY. Ces 4 rameurs deviendront en 1930 les premiers internationaux de la société en participant en 4 outrigger à un match triangulaire France – Italie – Belgique.
Jean POMAGALSKI, sera par ailleurs un des pionniers du développement des remontées mécaniques pour skieurs, et créera, après-guerre, la célèbre société POMA.
Le 1er titre de champion de France de l’Aviron Grenoblois est remporté en 1931 en deux yoles de mer à Bône, en Algérie (alors française) par les frères BUTTARD.
Pendant les hivers, les rameurs réparent les embarcations dans la villa du président FELTRIN, située rue Bizanet.
Toujours en 1931, le Président FELTRIN doit se retirer pour se consacrer à son entreprise, il est remplacé par Raoul CIVET, rédacteur en chef du Petit Dauphinois. Georges TARDY est secrétaire du club de 1930 à 1932, puis entraîneur de 1932 à 1936.
En 1938, la paire Albert TOBEY – Henri GIVET donne un nouveau titre de champion de France à l’Aviron Grenoblois en deux yole de mer, à Marseille.
En 1935, le garage de la société est devenu de nouveau trop petit pour les bateaux. De plus, les vestiaires sont exigus et dépourvus de douches et de sanitaires. Convaincu par le Président CIVET, le Maire de Grenoble, le Docteur MARTIN, accorde l’aide de la commune à la construction d’un nouveau garage qui, comme en, 1924 est réalisé en partie par les rameurs. Ce garage, avec gardien, comporte deux travées, quatre rangées de supports pour les bateaux, des vestiaires et des douches et un premier étage qui ne sera aménagé que plus tard. Cette construction est réalisée en retrait du chemin de halage, devenu le quai Jongkind, à l’endroit où se trouve le club actuel.
En 1939, la société doit faire face à un drame : la mort du Président CIVET lors d’un accident d’avion, alors qu’il revenait d’un reportage à Berlin. Louis BONNAURE, également journaliste au Petit Dauphinois, accepte la présidence de la société.
En septembre 1939, survient la seconde guerre mondiale et les rameurs du club se trouvent de nouveau mobilisés. En mai-juin 1940 la France est défaite par l’Allemagne. Grenoble se retrouve, jusqu’en novembre 1942 dans la zone non occupée, avant d’être occupée par les troupes italiennes (novembre 1942-septembre 1943) puis allemandes, jusqu’à la libération.
Albert TOBEY, montagnard émérite (il donnera son nom à une voie d’escalade dans le Chamechaude et dans la Meije), se distingue lors de la campagne de Norvège au printemps de 1940 et est décoré de la légion d’honneur. Quatre sociétaires (dont Roger VIANDE, Louis CROS, Edmond BRUN, membres du bureau) sont moins heureux et passeront tout ou partie de la guerre dans des stalags en Allemagne, un peu réconfortés sans doute par les colis que leurs fidèles amis de l’Aviron Grenoblois arrivent à leur envoyer de temps en temps, malgré les pénuries.
L’activité de la société reprend pendant la guerre, malgré les multiples difficultés matérielles.
L’année 1943 sera même marquée par quelques bons résultats dans des régates régionales, grâce à l’entraîneur AMBLARD. Notamment, un huit seniors, emmené par LAVAUDANT, chef de nage, se classe second derrière le Rowing Club d’Aix-les-Bains dans le championnat Dauphiné-Savoie à Romans.
Remerciements
Je tiens à sincèrement remercier toutes les personnes qui, membres passés ou présents de l’Aviron Grenoblois, ou extérieures à la société, m’ont aidé par leur temps, leurs souvenirs ou leurs documents à écrire ce petit ouvrage sur notre cher vieux club.
Le 27 septembre 2013
Le Secrétaire de l’Aviron Grenoblois
Guillaume VEYRET-ABRAN
ADRESSE
Ile Verte : 39 quai Jongkind 38000 GRENOBLE (Tram B arrêt "Ile Verte")
Pont d'Oxford : 1 Allée Rose Valland 38000 GRENOBLE (Tram B arrêt "Pont d'Oxford")
CONTACT
info@aviron-grenoblois.com
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