A la libération de Grenoble, fin août 1944, l’activité de la société peut recommencer à se développer, non sans difficultés.
Le club est de nouveau marqué par le deuil. Plusieurs de ses sociétaires ont été victimes de la guerre : ANDREAUD fusillé par les Allemands, FERRANTE arrêté et disparu, MARTIN, fusillé, PERLI Paul, assassiné par la Milice, BRIDIER, aviateur mort dans un accident. Heureusement, le club peut accueillir ses prisonniers libérés.
En 1945, malgré les restrictions, la société parvient à se procurer du bois pour aménager le 1er étage du garage, afin de protéger les bateaux qui souffrent des chutes de tuiles, de créer une salle de réunion et un bureau pour le secrétariat.
En 1946, la société fait l’acquisition de son premier huit « outrigger » digne de ce nom, acheté d’occasion à Meulan, mais rénové.
Cette même année, une première section féminine aurait été formée, mais elle entre en sommeil et ne reprendra son élan qu’à partir des années 1970.
Malheureusement, toujours en 1946, un nouveau drame affecte le club: Paul DAVIN trouve la mort par hydrocution après que son deux barré se soit retourné dans l’Isère.
Cette année est d’autant plus difficile que l’Aviron Grenoblois est en crise : manque de régularité à l’entraînement des athlètes, démotivation des dirigeants. Le Président BONNAURE démissionne.
Jean FRANCES, ancien professeur du lycée Champollion accepte de prendre la présidence de la société. Il démissionne en 1947, suite à des querelles internes.
La fin de 1948 voit l’arrivée de Georges ROZIER à la présidence du club. Il accepte cette charge à la demande du bureau, après plus d’une année de vacances à la tête de la société. Ingénieur des Travaux Publics de l’Etat, il va présider pendant 33 ans aux destinées de la société. Ce très grand Président va permettre à l’Aviron Grenoblois de se hisser parmi les meilleurs clubs de France.
En 1950, un autre « huit » outrigger est acheté et inauguré avec cérémonie.
Dans les années 1950, les équipes du club sont entraînées par Robert FORNEY.
Les effectifs du club se situent à la fin de cette décennie aux alentours de 150 licenciés, niveau d’adhésion qui perdurera jusqu’à la fin des années 1980, avec des pointes jusqu’à 200 adhérents.
Le club se met à organiser ce qui va devenir son traditionnel stage de perfectionnement à Charavines qui, en avril, permet aux rameurs de toutes les catégories de pratiquer sur un bassin moins agité que l’Isère et de progresser techniquement.
Les régates du club, notamment le match Grenoble-Turin, mais aussi des championnats de ligue et de la zone Sud-Est, sont organisées sur le lac de Laffrey. Un match France-Italie, ouvert aux autres sociétés des deux pays, y est même organisé en septembre 1968. Le lac est, à cette occasion, entièrement balisé à 6 couloirs. Ceux qui ont participé aux régates de Laffrey (Claude MASCI, Alain WACHE, entre autres) se souviennent combien les balisages étaient lourds et fatigants à installer, et ce d’autant plus qu’il fallait ensuite faire une ou plusieurs courses.
Par contre, en 1968, la société renonce définitivement à organiser des régates pour le 14 juillet du pont de la Porte de France au pont suspendu, considérant que cette partie du bassin, en période de grosses eaux, est désormais trop dangereuse.
Au cours des années 1950 sont fixées les couleurs actuelles des maillots et des palettes des avirons de la société : palette bleu-blanc-noir et maillot blanc avec un chevron bleu et noir, qui succède à un maillot d’une couleur unie, avec un liseré noir. La couleur de ces anciens maillots est aujourd’hui difficile à déterminer sur les photos en noir et blanc. On peut cependant penser qu’ils étaient bleus avec un liseré noir, d’après un vieux fanion encore présent à l’Ile Verte.
En 1959, l’Aviron Grenoblois enregistre son premier résultat sportif prestigieux : son huit seniors hommes « débutants » emporte la « Coupe des Provinces Françaises », ancêtre de coupe de France. Les membres de l’équipage (GOUT, MANSOUR, PERRET, AUBEL, CHEVALLIER, NICHILO, SIFAOUI, X) sont fêtés au club et devant les autorités locales, comme le montrent de nombreuses photographies de nos archives.
Le club se modernise : après-guerre, une camionnette avec galerie, puis des voitures puissantes (dont une rarissime FORD Edsel, dans les années 1960) et des remorques permettent désormais de déplacer les bateaux en régates.
Le club, sous l’impulsion du Président ROZIER, cherche à augmenter son recrutement et se dote d’un « Centre d’Initiation Scolaire » (ayant pour moniteur Stéphane FANTINUTTI, rameur du club) qui est installé au sein du club et bénéficie du soutien de Jeunesse et Sports. Parallèlement, le club bâtit une relation forte avec le lycée des Pupilles de l’Air (situé à l’époque Boulevard Joseph Vallier à Grenoble) qui aura une section au sein du club pendant de longues années.
L’Aviron Grenoblois connaît une nouvelle évolution importante dans les années 1960. Entre 1962 et 1965, après une préparation du projet de plusieurs années, l’ancien garage est démoli et, parallèlement, est construit au même emplacement un immeuble moderne. Ce dernier abrite dans ses deux premiers niveaux les nouveaux garages, tank à ramer et locaux de la société. Cet immeuble, dénommé « l’Aviron » est toujours celui que nous connaissons actuellement. Cette opération a pu être menée grâce, notamment, à deux membres importants du club, M. CROIZAT-BLANC, promoteur immobilier, et M. BENOÎT, architecte. La construction, intelligemment phasée, permettra aux équipages de continuer à s’entraîner sans trop de gêne pendant les travaux, comme s’en souvient Jean-Pierre BONINI., ancien vice-président du club.
Le nouveau club, inauguré en grande pompe début 1966, avec ses deux profondes travées à bateaux, permet d’accueillir un nombre toujours croissant d’embarcations acquises grâce aux cotisations, au soutien de la ville de Grenoble, mais aussi aux ressources générées par les animations du club : le bal annuel, très couru à Grenoble, puis le loto. A l’époque, ces bateaux sont souvent baptisés des prénoms des enfants de donateurs ayant aussi permis leur acquisition. Ils eurent même parfois des noms de commerces, comme le raffiné «Au Bon From’Tom », deux barré Donoratico acquis en 1979, qui tire son nom de l’appellation d’une fromagerie.
Dans les années 1960 et 70, le club achète des bateaux aux établissements Josserand, de Villefranche-sur –Saône, notamment un huit en 1960, le « Brigitte ».Cependant, à partir de la fin des années 1960, le club se tournera de plus en plus vers le fabricant italien « Donoratico » qui produit des bateaux d’un bon rapport qualité/prix, qui constitueront l’essentiel du parc du club dans les années 1970 et 1980. Le club acquiert aussi quelques bateaux suisses de la marque Stämpfli. J.P BONINI se souvient d’un 4 sans barreur acheté d’occasion dans les années 1960, qui malgré son grand âge (plus de 30 ans), était encore tout à fait « dans le coup » en course.
A partir de 1985, seront achetés les premiers bateaux allemands Empacher pour les équipages de compétitions, d’abord en bois : le pair-oar « Elodie », puis deux quatre sans barreur, dont le « Président Perrin » (1985) et, en 1987, le huit « Grenoble Ville d’Avenir », acheté grâce à une subvention municipale.
Parallèlement, le club se dote de bateaux adaptés aux débutants : notamment des yolettes à 4 rameurs à partir des années 1960, dont les premières yolettes en plastique « SADAC », fabriquées à Moirans, puis des doubles canoës en plastique à partir des années 1970. Les skiffs orange d’initiation « Julien » font aussi leur apparition de manière massive dans cette même décennie.
La suite de M. FORNEY, en tant qu’entraîneur, est prise par M. GUICHERD dans les années 1960, puis par Jean-Pierre BONINI, qui, de 1966 à 1979 devient responsable de l’entraînement, après une belle carrière de compétiteur. Il représente une nouvelle génération d’entraîneurs, désormais formés par le passage des différents degrés du monitorat d’aviron.
Les succès sportifs de l’Aviron Grenoblois vont désormais crescendo.
Au début des années 1970, GRAND et LIFRAN, en 2 x Cadet, entraînés par J.P BONINI obtiennent une médaille aux championnats de France.
1972 : Jean-Noël GAVIOT est 4ème au championnat du monde juniors en quatre barré.
1973 : le Huit cadet garçons de l’Aviron Grenoblois (Jean-Marc KIEFER, Jacques TABORSKI, Olivier DARRE, Michel MANDEL, Yves CHATELAIN, Jean-Charles COCHET, Serge PRIVAT, Christian PERE, barreur : Gilles CROS) entraîné par J.P BONINI et Jean-Yves ROGER remporte le titre de champion de France.
Cette victoire du huit cadets en 1973 est, dans l’histoire du club, une étape importante : elle fait entrer l’Aviron Grenoblois parmi les clubs habitués des podiums et titres nationaux.
En 1974, sur la lancée, le huit junior garçons (Jean-Marc KIEFER, Jacques TABORSKI, Olivier DARRE, Edgar DARRE, Pierre CHATELAIN, Christophe ROCHE, Dominique MORINO, Serge PRIVAT, barreur : Gilles CROS), entraîné par J.N GAVIOT, est champion de France.
Toujours en 1974, le deux barré juniors garçons (KIEFFER et TABORSKI, barreur : FIXOT) est champion de France, puis KIEFER et TABORSKI, deviennent vice-champions du monde juniors en 4 barré.
En 1975, KIEFER, TABORSKI (barreur : FIXOT) conservent leur titre de champion de France en deux barré juniors. Cette même année, le 4 barré juniors est vice – champion de France : J. M KIEFER (nage), J. TABORSKI, BOUVIER, S. PRIVAT.
1981 : Etienne CHOPOT et Christophe PACCHIANO sont champions de France en deux de couple juniors garçons
1982 : le club se place second au championnat de France dans l’épreuve reine, le huit seniors, avec Claude MASCI, Pascal VINCENTY, Jean CADIC, Philippe MAÎTRE, Franck MAÎTRE, PRENEY, Serge PRIVAT, Christophe PACCHIANO.
1984 : – Serge .PRIVAT, Pascal VINCENTY (« Minel »), Claude MASCI, Christophe PACCHIANO (« Pacchio ») sont champions de France en 4 de pointe sans barreurs seniors hommes
Le club, dans les années 1980, fait désormais partie des 15 meilleures sociétés d’Aviron de France, notamment du fait de ses bons résultats, les meilleurs rameurs s’entraînant déjà, pour certains, 10 fois par semaine.
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Sous la supervision de J.P BONINI, membre de l’équipe dirigeante (puis vice-président à partir de 1985), l’encadrement (bénévole) est formé dans les années 1980 de rameurs de haut niveau encore en pleine activité, qui font preuve d’énormément de dévouement : Dominique BASSET, rameur olympique (7ème au J.O de Moscou en 4 sans barreur, puis Conseiller Technique Régional), Claude MASCI, Serge PRIVAT, Alain WACHE, entre autres. L’époque n’est pas encore aux entraîneurs salariés et beaucoup de jeunes rameurs, dès qu’ils ont un peu de « bouteille » tentent, sous la supervision de leurs aînés, de transmettre leur savoir aux jeunes débutants, ou aux « loisirs », qui commencent à prendre de l’importance au sein de la société. Grâce à cette structure, l’Aviron Grenoblois est déjà un club où les méthodes d’entraînement sont efficaces et où la sécurité et la santé des sociétaires, particulièrement des jeunes, est bien prise en compte.
Le président ROZIER, après plus de trois décennies au service de l’Aviron Grenoblois, doit quitter son poste pour raisons de santé en 1981. Il décèdera en 1982. Maurice PERRIN, membre du club depuis 1945, et ancien secrétaire, lui succède, mais, malheureusement, décèdera à son tour en 1985.
Remerciements
Je tiens à sincèrement remercier toutes les personnes qui, membres passés ou présents de l’Aviron Grenoblois, ou extérieures à la société, m’ont aidé par leur temps, leurs souvenirs ou leurs documents à écrire ce petit ouvrage sur notre cher vieux club.
Le 27 septembre 2013
Le Secrétaire de l’Aviron Grenoblois
Guillaume VEYRET-ABRAN
ADRESSE
Ile Verte : 39 quai Jongkind 38000 GRENOBLE (Tram B arrêt "Ile Verte")
Pont d'Oxford : 1 Allée Rose Valland 38000 GRENOBLE (Tram B arrêt "Pont d'Oxford")
CONTACT
info@aviron-grenoblois.com
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